jeudi 10 juillet 2014

PANZI : UN COIN DE BUKAVU OÙ L’EAU POTABLE EST RARE



« L’eau c’est la vie », on ne cessera jamais de le dire. Mais nous faisons un constat que certains coins de la province du Sud-Kivu sont toujours dépourvus d’eau potable. C’est le cas du quartier Panzi, situé dans la ville de Bukavu, commune d’Ibanda, où la majeure partie de la population ne bénéficie pas de cette denrée importante à la vie humaine.

Pour quelles raisons ?

Ayant parlé aux populations, elles nous ont expliqué que les installations de la Regideso se trouvent dans leur quartier mais l’eau y arrive rarement. C’est souvent pendant les heures tardives de la nuit qu’elle est disponible, il faut renoncer au sommeil pour l’attendre, du moins si elle arrive. Certains ménages sont abonnés à la Regideso mais ne peuvent pas résoudre les problèmes d’eau du reste de la population qui se débrouille à sa manière.

Quelle est cette manière ?

L’on se croirait au moyen-âge lorsque, pour la première fois, l’on découvre le principal moyen d’approvisionnement en eau des habitants de Panzi. Quelle ne fut notre stupéfaction lorsqu’on nous indiqua un puit, conçu et amenagé d’une manière à empêcher les saletés de tomber dans un fossé de plusieurs mètres, creusé dans le sol, non construit en matériaux durables et couvert des morceaux de bois. Ce puit appelé « Kizola » (traduit approximativement ‘’là où on puise’’) n’est malheureusement pas à comparer avec les puits de l’époque médiévale car manquant un minimum de confort. L’on se sert d’un récipient en plastique accroché à un fil pour puiser de l’eau, qu’on va verse dans un bassin en plastique afin de l’introduire dans des bidons ou autres récipients. Cette eau n’est pas propre à la consommation car nombreux microbes l’infèctent du jour au lendemain. Les fosses séptiques sont parfois situés à quelques mètres du puit avec les risques de communiquer avec le couches terrestres desquelles sortent l’eau, les canalisations des eaux usés provenant des ménages passent tout près, aussi les enfants peuvent y jetter d’autres saletés. Les ménages qui n’ont pas un puit ainsi que ceux qui manquent d’argent pour se payer un bidon d’eau, généralement vendu à 50Fc, vont puiser de l’eau à la rivière Ruzizi qui présente à son tour les risques de noyades. C’est donc au prix d’immenses sacrifices et risques que ces populations recourent aux puits.
Un enfant entrain de tirer du puit un récipient en plastique accroché sur un fil.


Quels sont ces risques ?

Les maladies d’origine hydrique sont recurrentes à Panzi, surtout lors de la saison sèche où les poussières infectent plus les eaux. Puisque faire la vaiselle avec de l’eau impropre ne fait que salir les ustensiles de cuisine, plusieurs cas des maladies de mains sales sont généralement soignés par les médecins de ce coin et parfois mort s’en suive. Selon un médecin que nous avons rencontré dans ce coin, c’est surtout les enfants qui sont le plus victimes car utilisant l’eau impropre sans contrôle des parents. Ceci a un impact sur leur croissance physique, étant souvent  heurtés à des problèmes de santé dans leur âge adulte. Le couvert en bois pouvant s’affaiblir après un temps, il présente un danger pour les gens qui, par megarde, peuvent y tomber en voulant puiser de l’eau. Une série de mesures de précaution est envisageable.

Souvent situés à côtés des fosses sceptiques et des canaux d'évacuation d'eaux usés, les puits sont contaminés des divers microbes.


Comment limiter les dégats ?

Interrogés à la question de savoir comment peut-on éviter le pire, les habitants trouvés sur place ont lancé un cri d’alarme aux autorités publiques provinciales et à celles de la Regideso à qui ils demandent d’approvisionner leur quartier en eau potable, ce qui n’est que leur droit. Le Congo ayant la potentialité hydraulique la plus grande en Afrique, s’exclame un enfant, ce n’est pas chez nous où on parlerait de carrence d’eau potable. Et en attendant pour limiter les cas des maladies, propose un médecin, les habitant devraient désinfecter cette eau avant de la consommer ou la chauffer à 100°C afin d’éliminer les microbes.


Que faut-il faire dans l’avenir ?

Faut-il obliger la fermetrure de tous ces lieux de puisage ? Peut-être non car ces puits sont une source presque principale d’approvisionnement en eau, un « mal nécessaire ». Mais le modèle implanté au quartier Nguba de la même commune semblerait adéquat car, une partie des eaux de la rivière Ruzizi serait pompée et placée dans une sous station de traitement afin de désservir cette partie de la ville. A moins que cela n’affaiblisse le débit de la rivière au préjudice de la centrale hydroéléctrique Ruzizi II, ce qui constituerait un frein à cette hypothèse. Une solution à court terme serait l’organisation par la mairie d’un service d’approvisionnement en eau à l’aide des camions citernes, du moins pour cette saison sèche qui s’annonce déjà difficile pour cette population car même le débit des puits diminue en cette période.

Une femme entrain de boire l'eau du puit.

Pour KivuAmaniJournal,

Emmanuel AKUZWE BIGOSI

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