« L’eau
c’est la vie », on ne cessera jamais de le dire. Mais nous faisons un
constat que certains coins de la province du Sud-Kivu sont toujours dépourvus
d’eau potable. C’est le cas du quartier Panzi, situé dans la ville de Bukavu,
commune d’Ibanda, où la majeure partie de la population ne bénéficie pas de
cette denrée importante à la vie humaine.
Pour quelles raisons ?
Ayant parlé aux populations, elles nous ont expliqué que les
installations de la Regideso se trouvent dans leur quartier mais l’eau y arrive
rarement. C’est souvent pendant les heures tardives de la nuit qu’elle est
disponible, il faut renoncer au sommeil pour l’attendre, du moins si elle
arrive. Certains ménages sont abonnés à la Regideso mais ne peuvent pas résoudre
les problèmes d’eau du reste de la population qui se débrouille à sa manière.
Quelle est cette manière ?
L’on
se croirait au moyen-âge lorsque, pour la première fois, l’on découvre le
principal moyen d’approvisionnement en eau des habitants de Panzi. Quelle ne
fut notre stupéfaction lorsqu’on nous indiqua un puit, conçu et amenagé d’une
manière à empêcher les saletés de tomber dans un fossé de plusieurs mètres,
creusé dans le sol, non construit en matériaux durables et couvert des morceaux
de bois. Ce puit appelé « Kizola » (traduit approximativement ‘’là où
on puise’’) n’est malheureusement pas à comparer avec les puits de l’époque
médiévale car manquant un minimum de confort. L’on se sert d’un récipient en
plastique accroché à un fil pour puiser de l’eau, qu’on va verse dans un bassin
en plastique afin de l’introduire dans des bidons ou autres récipients. Cette eau
n’est pas propre à la consommation car nombreux microbes l’infèctent du jour au
lendemain. Les fosses séptiques sont parfois situés à quelques mètres du puit
avec les risques de communiquer avec le couches terrestres desquelles sortent
l’eau, les canalisations des eaux usés provenant des ménages passent tout près,
aussi les enfants peuvent y jetter d’autres saletés. Les ménages qui n’ont pas
un puit ainsi que ceux qui manquent d’argent pour se payer un bidon d’eau,
généralement vendu à 50Fc, vont puiser de l’eau à la rivière Ruzizi qui
présente à son tour les risques de noyades. C’est donc au prix d’immenses
sacrifices et risques que ces populations recourent aux puits.
Un enfant entrain de tirer du puit un récipient en plastique accroché sur un fil. |
Quels sont ces risques ?
Les
maladies d’origine hydrique sont recurrentes à Panzi, surtout lors de la saison
sèche où les poussières infectent plus les eaux. Puisque faire la vaiselle avec
de l’eau impropre ne fait que salir les ustensiles de cuisine, plusieurs cas
des maladies de mains sales sont généralement soignés par les médecins de ce
coin et parfois mort s’en suive. Selon un médecin que nous avons rencontré dans
ce coin, c’est surtout les enfants qui sont le plus victimes car utilisant
l’eau impropre sans contrôle des parents. Ceci a un impact sur leur croissance
physique, étant souvent heurtés à des
problèmes de santé dans leur âge adulte. Le couvert en bois pouvant s’affaiblir
après un temps, il présente un danger pour les gens qui, par megarde, peuvent y
tomber en voulant puiser de l’eau. Une série de mesures de précaution est
envisageable.
Souvent situés à côtés des fosses sceptiques et des canaux d'évacuation d'eaux usés, les puits sont contaminés des divers microbes. |
Comment limiter les dégats ?
Interrogés
à la question de savoir comment peut-on éviter le pire, les habitants trouvés
sur place ont lancé un cri d’alarme aux autorités publiques provinciales et à
celles de la Regideso à qui ils demandent d’approvisionner leur quartier en eau
potable, ce qui n’est que leur droit. Le Congo ayant la potentialité
hydraulique la plus grande en Afrique, s’exclame un enfant, ce n’est pas chez
nous où on parlerait de carrence d’eau potable. Et en attendant pour limiter
les cas des maladies, propose un médecin, les habitant devraient désinfecter
cette eau avant de la consommer ou la chauffer à 100°C afin d’éliminer les
microbes.
Que faut-il faire dans
l’avenir ?
Faut-il
obliger la fermetrure de tous ces lieux de puisage ? Peut-être non car ces
puits sont une source presque principale d’approvisionnement en eau, un
« mal nécessaire ». Mais le modèle implanté au quartier Nguba de la
même commune semblerait adéquat car, une partie des eaux de la rivière Ruzizi
serait pompée et placée dans une sous station de traitement afin de désservir
cette partie de la ville. A moins que cela n’affaiblisse le débit de la rivière
au préjudice de la centrale hydroéléctrique Ruzizi II, ce qui constituerait un
frein à cette hypothèse. Une solution à court terme serait l’organisation par
la mairie d’un service d’approvisionnement en eau à l’aide des camions
citernes, du moins pour cette saison sèche qui s’annonce déjà difficile pour
cette population car même le débit des puits diminue en cette période.
Une femme entrain de boire l'eau du puit. |
Emmanuel AKUZWE BIGOSI
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